Point de Non-Retour ...

-36-


Ce matin le marché était presque vide … Ce matin pas de bruit ni de bousculade … les habitants du quartier l’avait déserté pour une toute autre animation. En remontant quelques rues en direction du nord, on pouvait surprendre une foule d’observateurs agglutinés devant le parvis d’une des maisons.
Ceux qui demeuraient, malgré eux, relégués à l’arrière de la foule se dévisageaient les uns les autres en se posant mille et unes questions et en émettant des hypothèses plus folles les unes que les autres tandis qu’au devant, tous restaient figés dans un silence quasi religieux en observant la scène.

Il y avait une femme qui se tenait près de la porte d’entrée, les mains soudées aux lèvres, le regard humide et vide de sa découverte macabre.
Il s’agissait d’Adela Suez, une voisine. Il n’était que 9h ce matin lorsqu’elle avait tambouriné bruyamment à la porte, encore en colère du retard de son amie.
Dans ce même accès de rage, elle avait ouvert la porte d’entrée …
Pas besoin de voir, ni d’en entendre plus pour cette vieille femme de la campagne dont le nez ne trompe jamais. La gorge nouée et l’esprit déjà chamboulée, elle avait doucement foulée le vieux parquet de l’entrée pour se rendre dans la pièce adjacente, la cuisine.
Tous les épis de maïs que contenait son panier se répandirent sur le sol et un hurlement strident et affreux retentit à travers la pièce.



Ses mains étaient soudées à ses lèvres et elle ne bougeait plus. Les policiers firent leur travail en silence et sortirent de la maison les quatre corps sans vie qu’elle venait de découvrir dans cette pièce maculée de sang séché.

En remontant quelques rues au nord, on pouvait voir en se faufilant au travers de la foule, le massacre d’une famille,… La famille Mendoza.

***


Le temps faisait rage, comme si tous les éléments avaient décidés de se déchainer en même temps. La pluie battait violement sur les grandes de baie vitrés du hall principal, une pluie chaude et sale. Le seul ramdam du vent suffisait à presque imposer un silence funeste au sein de l’aéroport.

Il n’avait aucun bagage si ce n’est que le petit sac à dos qu’il tenait fermement à la main. L’air était terriblement lourd et sur son front, perlaient de multiples petites gouttes de sueur. Il ne savait toujours pas combien il allait devoir payer son acte, car il savait que cela ne resterai pas sans conséquence, mais aujourd’hui, les jeux étaient faits. Trop tard pour revenir en arrière.

Il repensa alors à cette petite lettre, posée sur la commode d’entrée, qu’il avait laissé derrière lui ce matin, avant de partir … Celle qui expliquait à son fils de 17 ans qu’une fois encore il allait devoir se montrer fort, sans lui… Qu’une fois encore il devait partir et le laisser derrière… Plus Lincoln y pensait plus il se rendit compte qu’au final, il ne valait pas mieux que son propre père qu’il avait détesté presque toute sa vie. A croire qu’abandonner ceux qu’on aime était inscrit dans leurs gènes.

Sauf peut-être pour Michael …

C’est justement pour cette raison qu’il était là aujourd’hui, à Bogotá. Parce que Michael n’avait pas su dire « au revoir » …

Il remonta la grande allée bondée de monde et passa les premières barrières de sécurité. Il n’eût qu’à tendre son passeport ainsi que son billet d’avion pour passer au-delà des douaniers et rejoindre la foule d’autochtone qui attendait impatiemment un proche ou un ami. Bien entendu, ce n’était pas parmi eux que son frère l’attendrait, Michael était trop prudent pour se laisser aller au jeu des joyeuses retrouvailles familiales.

Il ne peina pas vraiment à traverser la foule et se dirigea tout simplement vers la petite cafétéria où il était attendu.
Il le remarqua immédiatement. Malgré ses efforts pour passer inaperçu, sa grande taille le trahissait. Ce qui le frappa cependant était un détail pour beaucoup insignifiant mais pour lui complètement surprenant. Les manches de sa chemise étaient remontée jusqu’aux coude donnant ainsi à tout le monde le loisir de pouvoir contempler la fresque de ses tatouages qui ne laissait presque pas entrevoir la couleur de sa peau.

Michael s’avança vers son frère, le regard fixe, presque à l’affut. Lincoln lui, ne fit pas temps de manière et enlaça son jeune frère. Il se détacha ensuite de lui et le regarda droit dans les yeux.

M : Je sais pas quoi te dire Linc.
L : Pas la peine, je te devais bien ça petit frère. Où sont les autres ?
M : Sucre est dans le hall d’entrée et Brad nous attend à l’hôtel.
L : Sara ?
M : En sécurité.
L : Ok, aller on décampe.
M : Suis moi.
L : Michael.
M : Quoi ?
L : Après ça,… je veux dire tout ça, toi et moi on arrête tout ce bordel une bonne fois pour toute.

Michael baissa légèrement le regard sans courber la tête. Il ne voulait pas que Lincoln ne voit en lui ses inquiétudes concernant le fait qu’il doutait que tout cela ne puisse finir un jour, il n’en était pas sûr lui-même.

M : Il faut qu’on parte, viens.

Les deux frères reprirent leur marche et descendirent les grands escaliers.

***

Dans le hall d’entrée, Sucre attendait patiemment près des téléphones publics, là où ils devaient le rejoindre d’ici quelques instants. Ces téléphones le rendaient nerveux. Il ne cessait de faire les cents pas devant eux. Parfois un homme ou une femme venait décrocher le combiné et y restait accroché pendant plusieurs minutes, l’empêchant ainsi de succomber. Mais pendant ses longues minutes, ses doigts chiffonnaient encore plus le petit bout de papier froissé qu’il gardait dans sa main.
Un petit bout de papier aussi froissé que son esprit pouvait l’être en ce moment.
Il le regarda ainsi, sans le déplier, en se rongeant nerveusement le bout de son index et de son pouce. Son regard n’avait cessé de faire la navette entre lui et le téléphone lorsqu’il trouva enfin le courage de s’en approcher et de décrocher.

Juste un coup de téléphone …

Juste pour entendre le son de sa voix car il savait déjà qu’il raccrocherait presque aussitôt.

Il coinça le téléphone entre son oreille et son épaule pendant que ses doigts survolèrent les touches sans jamais les toucher.

Il fit finalement glisser le combiné sur son front en fermant les yeux et soupira. Son cœur battait la chamade comme jamais. Pourquoi n’y arrivait-il pas ?

M : Fernando ?

Sucre sursauta et dans la même action raccrocha immédiatement. Comme si Michael venait de faire soudainement irruption dans ses pensées, il se froissa un peu et répondit un peu trop sèchement à son goût.

S : Vous en avez mit du temps.
L : Je suis là maintenant, on peut y aller.

Sucre avança en premier, il savait que Michael avait remarqué son malaise et il n’avait pas vraiment envie de s’expliquer aussi il décida de fuir les deux frères.

L : Qu’est-ce qu’il a ?
M : (pensif) J’en sais rien … Allons-y.


***

Dehors, la pluie n’avait pas cessé de battre et Sucre n’avait toujours pas attendu pour passer sa veste au dessus de sa tête et courir rejoindre le petit taxi garé au bout de l’allée.
Lincoln et Michael l’imitèrent et ne mirent pas longtemps eux aussi à atteindre la petite voiture qui démarra aussitôt que la dernière portière fut claquée.

Lincoln fut surprit de se retrouver face à Sara qui avait certainement du attendre une bonne partie de la journée assise à l’arrière de cette voiture. La dernière fois qu’il avait cru la voir, c’était sa seule tête gisant dans une boîte en carton au fond d’un souterrain.

L : Sara …
S : Lincoln.
L : Ca fait du bien de vous revoir.
S : (souriante) Vous voulez dire, vivante ?
L : Ouais, c’est un peu ça oui. Je-.. je suis désolé, pour tout.

Sara posa sa main sur celle de Lincoln pour le rassurer. Un petit geste qui allait finir par devenir une habitude entre eux.
Lincoln sortit ensuite de son sac une pochette noire qu’il tendit à Sara.

L : Avec l’aide de Katy.
M : Tout y est ?
L : Tout, pièces d’identités, papiers de l’assurance, archives médicales … Votre amie n’a pas été facile à convaincre mais sans elle je vois pas comment on aurait fait. Elle doit beaucoup tenir à vous.
S : Merci… comment allait-elle ?
L : On a pas franchement discuté mais elle avait l’air bien. Elle s’inquiète pour vous.
S : Quand tout ça sera fini, je l’appellerai.

Lincoln se tourna ensuite vers son frère sur son côté gauche et prit un air plus sérieux.

L : C’est quoi le plan Michael ?
M : La priorité pour le moment c’est Sara. On a rendez vous dans une heure et quart à l’hôpital pour ses examens.
L : Et ensuite ?
M : Si l’état de Sara nous le permet on retourne à Buenaventura.
L : Explique.
M : Pas ici.

La voiture se stoppa un peu brusquement et Sara et Michael sortirent chacun de leur côté.

L : Attends Michael !

Michael se pencha vers lui et lui lança un dossier marron sur les genoux.

M : Tiens, tu n’as qu’à jeter un œil là dedans. Je sais pas combien de temps les examens vont durer, Sucre et toi vous rentrez à l’hôtel. Ils t’expliqueront.

Michael referma la porte et rejoignit Sara qui attendait à l’abri de l’arrêt de bus. Il passa sa main sur son dos pour l’entraîner avec lui et tout les deux pressèrent le pas pour rejoindre les portes de l’hôpital pendant que de la voiture, Lincoln les regardait partir.

La voiture redémarra rapidement et reprit la route. Lincoln ne prêta pas vraiment attention au lourd silence que lui imposait Sucre et s’empressa d’ouvrir le dossier que Michael lui avait confié.

Il s’agissait à première vu d’un dossier médical, celui de Sara. Tout était rédigé en espagnol et Lincoln ne voyait toujours pas où son frère voulait en venir jusqu’au moment où son regard s’arrêta sur une adresse maladroitement entourée en rouge.
Une adresse à Buenaventura au nom d’une certaine Ana Maria Mendoza.
Lincoln restait perplexe. Michael avait cette fâcheuse habitude de vous donner les indices avant même de vous dire après quoi courir.
Une petite enveloppe glissa sur ses genoux. Il l’ouvrit sans ménage et y découvrit un petit collier en argent auquel pendait un petit médaillon représentant la sainte Marie. Le nom de Gretchen ainsi qu’une date de naissance étaient inscrits sur le revers.
Il prit soin de remettre les papiers en ordre dans le dossier et replaça la petite chaîne dans son enveloppe.


Tout semblait prêt …

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Les deux hommes étaient assit l’un en face de l’autre, silencieux. Le plus âgés des deux, était légèrement affalé dans son épais fauteuil en bois massif avec cependant une certaine note d’élégance. Son visage était fermé, impassible, comme si sa bouche ne s’était jamais ouverte une seule fois et que ses trais en étaient restés figé d’un pli sévère et tranchant. Ses doigts, visiblement marqués par le temps, caressaient nonchalamment la feuille posée devant lui.
L’autre homme lui, l’observait sans siller. Il y a bien longtemps qu’il avait apprit à se taire en sa présence. Le temps semblait long mais il attendit que son interlocuteur ne se prononce enfin, ce qui arriva …

« Ce Burrows… »
« Lincoln »
« Depuis quelques temps les choses ne vont pas dans le sens que nous avions convenu Emilio »
E : je comprends votre inquiétude à ce sujet monsieur Monterro.
M : Comment avez-vous pu tombez aussi bas ?
E : Je vous demande pardon ?

Emilio était visiblement mal à l’aise et se trouva tout à coup très peu confortablement assit son fauteuil. Monterro continuait son petit manège avec ces doigts et reprit d’une voix aussi froide et tranchante qu’une lame de rasoir.

M : D’un chasseur de tête hors paire vous êtes devenu une petite immondice bêtement collé sur une chaussure, … celle qui vous pourri l’existence en vous empêchant de marcher !!!
E : Votre déception est tout à fait -..
M : Je pourrai vous faire arracher votre sale tête pleine d’ego comme j’arracherai une saloperie de ma semelle Marquez !

Cette fois-ci, Emilio ne répliqua pas et baissa la tête. La colère de Monterro était telle qu’il en avait les yeux humides de rage et qu’il semblait presque s’étouffer à chaque mot.

M : Ce Burrows est revenu parce qu’ils savent quelque chose et si c’est cette Sara qui le leur a apprit je ne paye pas chère de votre vie Emilio. Vous aviez une semaine pour retrouver cette femme hors deux s’en sont écoulées. Si cette femme n’est pas ici avant Lundi, je vous conseil de quitter le pays définitivement.

Monterro attrapa la feuille et la balança violement au visage d’Emilio qui la ramassa et quitta instantanément le bureau. Une fois dans le couloir il rangea soigneusement la feuille maintenant froissée, qu’il l’avait espéré lui sauverait la mise lors de cette entrevue. Mais cela avait été en vain car Monterro n’en avait à peine fait cas. Cette feuille contenait pourtant une adresse à Buenaventura où la fameuse Ana Maria Mendoza avait trouvé refuge depuis quelques temps avec Sara avant que celle-ci ne disparaisse.

D’un pas pressé il descendit les deux étages et regagna sa berline noire. Mettre les essuies glaces fut la première chose qu’il fit avant de reposer sa tête sur son siège pour fermer un peu les yeux. La pluie battait sur le pare brise avec pour unique fond un ciel gris-noir chargé de nuages tous plus menaçants les uns que les autres. Un temps à l’image de son humeur. Il se ravisa et démarra le moteur. Emilio n’était homme à se mettre en colère facilement.
La nuit était tombée depuis déjà quelques heures mais ce soir il ne rentrera pas chez lui.
Cette nuit il allait rattraper son retard.

Il saisit la feuille entra d’un coup de main rapide les coordonnées dans son GPS et se mit immédiatement en route.


***

Ana Maria restait assise à la table de la cuisine avec sa tasse de thé entre les mains. De temps en temps une goutte d’eau s’échappait du robinet pour venir s’écraser bruyamment dans le fond de l’évier en ferraille et venait troubler le silence qui régnait dans la pièce. Elle ne pouvait pas relever ses yeux des ses mains. De toute façon elle n’arriverait pas à les exposer à plus de lumière, elle avait passé trop de temps dans l’obscurité.
Antonio était passé plusieurs fois dans la journée avec le même discours plein de bon sens qui ne trouvait jamais bon accueil à ses oreilles. Elle savait très bien qu’elle devait se nourrir et se reposer, que rester ainsi dans le noir n’était pas une solution mais elle savait plus encore qu’elle n’aurait jamais du quitter les siens…. Pour rien…

La nouvelle avait retentie telle une bombe dans sa tête qui n’avait épargné aucune pensée, aucun souvenir, pas même un espoir … Tout avait disparut, même le sens de sa vie elle ne le trouvait plus dans le chaos de son esprit.

Tout ce qu’elle savait c’est qu’elle était assise là, dans cette cuisine, à attendre d’y voir un peu plus clair.

De là où elle était elle pouvait entendre les cousins d’Antonio parler dans la pièce à côté. Le son était trop faible pour pouvoir suivre la conversation alors elle replongea dans ses pensées.

Une goutte d’eau …

Un bruit incohérent la sortit pourtant de sa somnolence, des bruits de pas sur le parquet grinçant du couloir. Elle n’y prêta cependant pas grande attention car beaucoup de monde circulait dans cette maison. Elle entendit les pas passer devant sa porte sans s’arrêter pour continuer jusqu’à la porte du salon où devait certainement se trouver Antonio et ses cousins.
Le faisceau de lumière qui apparut sous la porte lui indiqua que la porte du salon avait été ouverte. Elle trouva cependant surprenant de n’entendre aucun bruit ni aucun mot prononcé. Elle sentit alors l’inquiétude la gagner et dans un sursaut de courage ou de curiosité elle se leva sans un bruit de sa chaise et s’avança silencieusement de l’embrassure de la porte. Le fait qu’elle avait laissé la cuisine plongée dans la pénombre lui permit de mieux observer le couloir sans être vu elle –même.

Son angle de vu ne lui permit pas de pouvoir voir la personne qui était entrée. Elle tendit l’oreille mais pourtant son esprit ne lui jouait pas de tour car aucun bruit n’émanait du salon.

Une goutte d’eau …

Une détonation vint tout à coup briser l’air humide et lourd… Puis un autre…

Elle ne pouvait en faite pas compter le nombre de coup de feu qui furent tiré là, à seulement quelques mètres d’elle.

Elle plaqua ses mains sur sa bouche et des larmes coulèrent subitement sur ses joues. Elle resta ainsi, silencieuse, sans bouger quand un autre coup de feu fut tiré et s’en fut trop. Comme si se contenir était devenu physiquement impossible, ce dernier coup de feu vint lui arracher des tripes un cri de terreur que ses mains avaient laissé échapper en quittant ses lèvres tremblantes pour se plaquer sur ses oreilles.

Prenant vite conscience du danger auquel elle venait de s’exposer, elle fit ce que ce que tout son corps lui commandait de faire. Elle se précipita sans attendre vers la fenêtre et entreprit d’ouvrir les volets quand la porte de la cuisine s’ouvrit dans un fracas terrible. Elle se retourna instinctivement pour faire face à son assaillant.

H: Sara ?

Ana Maria n’entendit tout simplement pas ce qu’il venait de dire tellement sa peur avait envahie sa raison.

Un autre fracas lui arracha le cœur de la poitrine et lorsqu’elle rouvrît les yeux l’homme était étalé parterre avec une chaise en morceau sur son dos et Antonio debout dans l’embrasure, le regard alerté.

At : Ana !

Seul un râle de panique ne sortit de sa bouche. Sans attendre plus longtemps Antonio enjamba le type au sol et attrapa la main d’Ana Maria qu’il tira avec lui vers la sortie.

At : Viens, faut pas rester là !!!

Ana Maria ne se fit pas prier et se laissa pas entrainer à l’extérieur de la maison sans vraiment comprendre ni même voir où Antonio la menait.

Lorsqu’elle fit un pas à l’extérieur elle sentit aussitôt la pluie battre son visage comme un coup de fouet la ramenant à la raison. Elle tira violement la main d’Antonio qui fit volte face.

At : Ana viens !
An : Ou est-ce qu’on va ?! Et c’était qui ce type ??!
At : J’en sais rien c’est toi qui l’a vu pas moi !
An : Il m’a appelé Sara …
At : Ana on a pas le temps de se poser des questions, il faut partir d’ici, suis moi !

Ana acquiesça frénétiquement et le suivit sans poser d’autre question.

***

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Les gens s’affairaient dans le long couloir sans lui prêter attention. Michael était assit sur ce banc depuis plusieurs heures et faisait à présent presque parti du décor. L’heure continuait de tourner et il ne s’était pas levé une seule fois. Ses doigts se nouaient se dénouaient anxieusement en attendant de savoir.

C’était un hôpital comme tous les autres, un endroit impersonnel où l’odeur des produits dans les couloirs est encore plus envahissante que l’ensemble du personnel.

Seulement quelques mètres le séparaient de la chambre dans laquelle elle devait se reposer à présent, mais il n’avait pas l’autorisation de la rejoindre. Ses sentiments n’étaient pas assez clairs pour qu’il n’arrive à comprendre si c’était elle qui avait le plus besoin de lui à cet instant ou lui besoin d’être auprès d’elle.

Sa tête était toujours penchée sur ses mains lorsqu’il sentit s’asseoir près de lui une présence familière. Il n’eût pas besoin de lever la tête pour voir, c’était Lincoln.
Il venait juste d’arriver à en juger par sa veste encore dégoulinante de pluie torrentielle qui grondait à l’extérieur.
Lincoln secoua légèrement sa veste et passa sa main sur l’épaule de son frère.

L : Hey mike, …

Michael ne releva pas la tête et resta silencieux. La situation était déjà difficilement supportable qui ne se sentit pas le courage d’affronter le regard effondré de son frère.

L : Qu’est-ce qu’il s’est passé Michael ?

Une larme coula le long de son visage à la seule évocation de ce souvenir. Ses mains étaient moites et rouges de se tordre et se retordre d’anxiété. C’était un sentiment qu’il n’avait encore jamais ressenti auparavant. Une peur terrible de la perte. Une sensation de vide qui se créait petit à petit à mesure que le temps passe et qu’il restait assit ici sans rien pourvoir faire,… pire,… sans rien comprendre.

L : Ca va aller Mike …
M : Ils ne veulent pas que j’aille la voir…
L : Elle doit avoir besoin de repos.
M : Mais moi j’ai besoin d’elle.
L : Je sais Michael, je sais …

Un médecin passa devant eux en leur adressant un regard désolé. Il se dirigea vers l’accueil où il récupéra un dossier qu’il survola en jetant de temps en temps un coup d’œil à Michael et Lincoln.
Il reposa le dossier sur le guichet dans un long soupir et se tourna vers les deux frères dont il se rapprocha tout en cherchant ses mots.
Il se stoppa devant eux et se racla un peu la gorge.

Michael leva un regard inquiet sur l’homme qui se tenait devant lui et qui semblait visiblement préoccupé. Il n’avait besoin d’entendre ce qu’il avait à dire, il savait …

Et c’est à ce moment là, à ce moment précis que Michael ressentit pour la première fois de sa vie la sensation terrible que son cœur se brisa … Il venait de comprendre … Michael comprit qu’il allait perdre sa mère …


***

Michael releva la tête brusquement…

Sa chemise était encore mouillée de la pluie qui s’abattait sans relâche depuis des heures sur Bogota. C’était à cet instant peut être la seule sensation agréable qu’il pouvait ressentir tellement sa peau était chaude.
Il avait toujours évité les hôpitaux jusque là car sa mémoire en était chargée de souvenirs douloureux et insupportables enfouis depuis bien longtemps.
La Morale aurait voulu que cet instant soit le plus dur qu’il eut à supporter jusqu’à présent et ce depuis qu’il avait mit les pieds à Fox River, mais il n’en était rien… Chaque jour, chacune des épreuves qu’il avait subi rivalisaient de violence en lui et celle-ci n’en était que plus affligeante aux vues de sa capacité à pouvoir les supporter …

Il avait déjà perdu Sara une fois et sa vie c’était vite transformée en calvaire… Sara …

Il se leva de sa chaise et s’approcha de la porte derrière laquelle Sara avait disparu en compagnie d’un médecin d’une cinquantaine d’année depuis déjà 3h30.
A peine était t-il arrivé à une dizaine de centimètres de la porte que celle-ci s’ouvrit brusquement sur le visage marqué du vieux médecin.
Il s’excusa brièvement et passa son chemin en laissant derrière lui la porte entrouverte. Michael resta un peu surprit puis jeta un coup d’œil à l’intérieur. La pièce était très spartiate, un bureau, une table d’examen, une armoire métallique et un grand rideau blanc crème qui cachait une partie de la pièce.

M : (timidement) Sara ?
S : Je suis là.

Sara était assise sur le fauteuil collé au mur près d’une table pleine d’outils et d’appareils d’apparence quasi neuve. Elle était en train de finir de se rattacher les cheveux et se frottait le côté du front.

M : T’as tête te fait encore souffrir ?
S : Non ça va, c’est la chaleur, c’est … étouffant ici.
M : Qu’est-ce qu’il a dit ?

Sara leva les yeux vers Michael dont le visage était habité par l’angoisse. C’est alors qu’un sourire discret se profila sur ses lèvres, un sourire qui n’avait en rien échappé à Michael qui n’était pas sûr de comprendre.

S : Ca va aller.
M : Comment ça ?
S : C’est assez long à expliquer, mais je vais bien.
M : Si c’est si long commences au moins au bon endroit et dis moi ce qui t’a mit dans cet état Sara.
S : A quoi ça servirait …

Sara se leva difficilement et fit une petite grimace de douleur.

M : Sara …
S : Pas ici, pas maintenant Michael …


Sara passa devant lui en avançant difficilement lorsqu’elle sentit une main attraper la sienne.
Elle planta alors son regard dans le sien. Quelques secondes passèrent sans que ni l’un ni l’autre ne prononce un seul mot.
Michael fit alors le premier pas et enroula ses bras autour d’elle. Sara ne résista pas et se blotti contre son torse en poussant un long soupir.
Michael lui caressait délicatement les cheveux et ferma les yeux pour mieux apprécier chaque sensation, chaque perception qu’il pouvait capter d’elle. Il ressentait une telle sensation de bien être qu’il entendit à peine ce qu’elle lui chuchota.

S : je vais bien Michael, je vais bien…

Michael se recula un peu, la fixa droit dans les yeux tout en caressant sa joue. Sa main s’attarda sur son front puis sur sa tempe. Ses doigts furent vite rattrapés par ceux de Sara.

S : Je n’ai rien Michael.

Elle referma doucement ses doigts sur la main de Michael qu’elle amena à ses lèvres.

M : Tu avais l’air si faible … Tu parlais d’opération.
S : Les examens n’ont rien révélé Michael … rien que je ne puisse soigner à coup de traitement… rassures toi…

Michael continuait de caresser son visage comme si il tenait entre ses mains la plus fragile des pièces en porcelaine qu’il se devait de protéger. Il avait sourit après les paroles de Sara et s’efforçait de paraître rassuré, pour elle… ou peut être pour lui.

M : Le docteur a parlé.
S : (souriante) Et il ne mens jamais ! …

Sourire la détendait, elle en avait besoin.
Michael approcha son visage du sien, un peu trop rapidement au départ, mais il se ravisa et se fit plus doux. Ses lèvres effleurèrent celles de Sara et leurs souffles s’entremêlèrent. Sara répondit alors à son baiser, elle l’avait toujours fait …

M : Je t’aime Sara …

Le sourire qu’affichait à présent Sara était cette fois ci le sourire qu’une femme épanouie pouvait révéler.

S : Je t’aime aussi Michael.
M : T’es pas obligée de venir tu sais…
S : Oui je sais.
M : Non Sara tu sais pas, …agir par vengeance ça ne soulage en rien, c’est pire, tu peux en croire mon expérience.
S : Je fais pas ça par vengeance. Je veux en finir avec cette histoire.
M : … ok … On s’en va ?

Sara plongea sa main dans celle de Michael et acquiesça avec enthousiasme. Michael lui embrassa furtivement le front et l’entraina dans le couloir.

-39-


L’homme avait dit « en bas de la rue avant le feu » … ou peut-être avait-il dit de la remonter au-delà du feu jusqu’au bar qu’il apercevait finalement au loin… En faite il n’en savait rien. Son séjour à Sona ne lui avait pas plus apprit l’espagnol que la dignité et ce soir il n’aurait besoin ni de l’un ni de l’autre pour se dépraver.

Brad continuait de marcher droit sur le bar cyber qu’il avait en face de lui de l‘autre côté de la rue. Celui-ci semblait aussi bondé à l’intérieur qu’à l’extérieur, mais il n’était pas venu pour ça. Il détourna le regard vers le petit renfoncement qui longeait le bâtiment et où deux femmes vêtues de manière plus que frivole s’engouffrèrent sans hésitation.
Avant de s’élancer à son tour, il glissa sa main dans sa poche de jean et resserra sa main fermement autour des quelques derniers dollars qu’il avait.
Une boule commença à se former au creux de son ventre et sa bouche était sèche, il y avait longtemps …

Sans regarder ni à gauche ni à droite il traversa la route d’un pas déterminé et s’engouffra à son tour dans la petite ruelle en jetant tout de même un dernier regard derrière lui. Là, il ralentit sa démarche et plongea cette fois ci les deux mains dans ses poches se donnant ainsi l’air plus détendu.
Le même air vorace et avide s’englua sur son visage que celui qu’il avait du temps où il était encore gardien de prison aux Etats-Unis. Il avait même ce petit sourire bête et satisfait à chaque fois qu’une femme lui faisait de l’œil ou semblait lui porter une quelconque attention… Il n’avait plus qu’à choisir… Chacune d’entre elle ne verrait en lui que l’argent qu’il dépensera ce soir et c’est ce qu’il aimait, pas de plan, pas de belles paroles, juste du plaisir…le sien.
A mesure qu’il remontait doucement l’allée, les regards irisés et cernés d’ombres se posaient avidement sur lui. Il n’avait pas l’habitude que les femmes le regardent avec autant d’envie car depuis quelques jours la seule femme qu’il pouvait contempler n’avait pour lui que des regards quelconques. Après des jours de calvaire à parler à travers un mur avec elle, à se soutenir, à se confier, il attendait plus de Sara que cette indifférence qu’elle avait installé entre eux. Inconsciemment, et à ce moment le moins opportun, il pensa à elle et regretta de lui avoir proposé ce poste à Fox River qui n’était en faite qu’un plan pour établir le contact avec cette femme un peu paumée qu’il convoitait.
Au plus haut de sa réflexion et de ses pensées uniquement tournée vers Sara, il ne vit pas cette femme s’approcher de lui. Elle était jeune, trop jeune …
La gorge un peu nouée de surprise, Brad se ravisa et la questionna.

B : Tu parles ma langue ?
F : (langoureuse) Et bien d’autre encore …
B : T’as quel âge ?
F : L’âge que tu veux …

La jeune femme semblait avoir 20 ans tout justes et était déjà très entreprenante. Elle glissa son doigt sous la boucle de la ceinture de Brad avec amusement qu’elle accompagnait d’un sourire malicieux qui en disait long sur la suite.
Doucement et tel un prédateur, elle le poussa vers le mur, à l’abri des regards et commença à défaire la ceinture, puis le premier bouton. Brad se sentait prit de court, il n’avait pas eût le temps de finir de considérer la question sur sa « relation »avec Sara que cette panthère aux cheveux sombre était sortit de nulle part le prenant totalement au dépourvu. Ses sens étaient complètement affolés lorsqu’il sentit ses mains glisser sur les poches arrières de son jean et qu’elle commença à le descendre.
La boule qu’il avait au creux de son ventre descendit elle aussi, plus douloureusement quand brusquement il la saisit par le bras et la regarda avec violence.
L’expression de la jeune femme changea aussitôt et se transforma en peur, … en terreur. Pour la première fois depuis leur rencontre, Brad pu voir à travers ses yeux sombres une toute autre personne,… une petite fille.
Il fit volte face et la plaqua un peu trop brutalement conte le mur. Il glissa sa main dans sa poche et en ressortit les quelques dollars qu’il avait et les enfonça dans la main frêle et abîmée de la jeune femme.

B : Allez, rentre chez toi gamine !

Il n’attendit pas ensuite qu’elle s’en aille et fit demi-tour pour retourner vers la route.
Il reboutonna son jean avant de retourner dans la lumière infernal des néons du cyber bar et respira un bon coup. Une fois ses esprits en place il sortit rapidement de la ruelle ce qui lui valut de percuter violement un homme qui tomba net sur la chaussée. Brad lui n’avait pratiquement pas bougé aux vues de son gabarit mais l’autre l’homme était littéralement affalé sur le sol.

B : Hey la prochaine fois tu regarderas devant toi connard !

L’homme semblait figé au sol en entendant la voix rugueuse et agressive de Bellick et ne se retourna pas.

B : Putain c’est quoi ton problème ?!

L’homme daigna enfin tourner la tête pour lui faire face.

B : Toi ?!


***

La pièce était incroyablement humide. Lincoln se leva, agacé, et ouvrit la fenêtre en manquant au passage d’emboutir la tête de Sucre qui se trouvait juste en dessous.

S : Dis moi, j’ai l’impression que ça t’a manqué la chaleur à Chicago…

Sucre n’avait pas dis ça pour détendre l’atmosphère comme à son habitude. La tension qui émanait de lui était même presque palpable et tout le monde pouvait le sentir.
Seul le bruit de la télévision animait la pièce car tous restaient silencieux. La conversation avait été longue et il était plus qu’évident que tous n’étaient pas d’accord. Seule Sara semblait tranquille. Elle était à demi allongée sur le petit canapé et regardait avec attention les informations qui étaient diffusées dans une langue qu’elle ne comprenait pas mais qu’elle semblait deviner. Michael était debout à la fenêtre et regardait les gens vivre. Il n’avait pas été seul depuis longtemps et commençait à le regretter. Le retour de son frère était un soulagement mais quelque chose n’allait pas dans le bon sens et ça … tout le monde semblait le ressentir,… à cet instant.

Un gouffre d’air envahit la pièce au moment où la porte s’ouvrit sur Brad qui entra tel un buffle et se posa sans ménagement sur la chaise à côté de la tête de Sara. Tous les regards convergèrent sur lui. Il le remarqua aussitôt et de sa voix dédaigneuse il prononça un long :

B : Quoi ?
L : Ca fait une heure qu’on attend…
S : On peut savoir où t’étais !

Brad les regarda un à un en omettant volontairement Sara qui s’était rassise.

B : (brutalement) : J’étais aux putes et alors qu’est-ça peut vous faire !!

Lincoln passa les deux mais derrière sa nuque et leva la tête au ciel d’épuisement tandis que Sucre se leva brutalement et s’avança dangereusement vers l’ancien gardien de prison qui se leva aussitôt par précaution.

S : Enfoiré !

Sucre abattit, à la surprise générale son poing sur le visage déjà accablé de bleus de Brad qui riposta presque aussitôt de ses vieux reflexes de matons pour attraper le latino par le cou. Dans leur élan, les deux hommes s’écrasèrent lourdement sur Sara puis sur le sol tout en continuant de se battre. Sucre avait reprit le dessus quand Michael l’attrapa par derrière et le recula tandis que Lincoln en fit de même avec Brad qui avait la bouche en sang.
Sucre repoussa avec violence l’étreinte de Michael. Des larmes de rage coulaient sur ses joues et vinrent se mêler au sang qui s’échappait de son nez. Michael posa à nouveau sa main sur l’épaule de son ami pour le détendre mais sa réaction fût la même.

M : (doucement) Fernando, qu’est-ce qui se passe … ?
S : Tu veux savoir ce qui se passe ! Tu veux savoir ! Il y a que j’en ai marre de sa sale gueule, j’en ai marre de ce foutoir !!! On est là attendre comme des cons à élaborer des plans suicidaires pendant que ce sale hijo de puta s’envoi en l’air !!!
B : (hurlant) C’est quoi ton problème !!!! Si t’as des problèmes avec ta gonzesse c’est pas nos affaires !!!

Sucre fit un signe avec ses bras qui signifiait qu’il laissait tomber et attrapa sa veste sur le dos de la chaise pour prendre la porte.
Michael partit immédiatement à sa poursuite en lançant un long regard à Lincoln.

L : Vas-y, je m’occupe de lui.

Michael s‘élança à la poursuite de son ami pendant que peu à peu Lincoln relâchait sa prise. Brad alla s’asseoir sur la chaise qu’occupait Sucre et respira très bruyamment voire de manière incommodante pour les autres. Il avait la gorge encombrée de sang, aussi il se leva et alla cracher ce « surplus » dans l’évier.
Sara, un peu choquée au départ de la vitesse à laquelle les choses s’étaient envenimées s’était vite reprise et se leva. Elle se dirigea vers la salle de bain et en ressortit avec un gant humide et les quelques compresses qu’elle avait trouvé dans la trousse de secours sous le lavabo.

La voyant marcher en direction de Bellick qui manquait de s’étouffer au dessus de l’évier, Lincoln la rattrapa par le bras.
L : Laissez le Sara … Il l’a mérité croyez moi.
S : (froide) Et c’est un Homme comme les autres,… croyez moi.

Lincoln la laissa passer mais ne la quitta pas des yeux tandis qu’elle s’approchait de Brad pour lui proposer son aide.

***

Dehors Sucre continuait de marcher fermement en ignorant ouvertement les appels de son ami qui courrait derrière lui.
Michael finit par le rattraper et lui saisit le bras. Le latino fit volte face mais garda le regard fixé dans le sol.

S: Lâche-moi Mike !...
M : ok ..ok ... je te lâche …

La voix de Michael était pleine de douceur comparée à la force des sentiments qui se bousculaient dans sa tête. Le visage de son ami était accablé de douleur aussi bien physique que mentale et il en était terriblement peiné.

M : Si tu me disais ce qui ne vas pas…

Sucre avait la bougeotte ; il faisait du surplace, mais ses mains et ses genoux tremblaient tout comme sa mâchoire qui était littéralement prise de convulsions. Ses yeux étaient noyés d’une colère incontrôlable et débordante.

M : Elle te manque …

Pour la première fois depuis leur altercation, Sucre leva la tête et planta son regard dans celui de Michael. Il comprit qu’il devait des explications, ce qu’il fit, la voix pleine de sanglots.

S : Ché pas moi. On est là en train d’élaborer des plans pour faire tomber des mecs qu’on connaît même pas et qui nous pourrissent la vie,… j’veux dire merde Mike, t’as pas l’impression qu’on laisse notre vie continuer à côté, … sans nous ?!

Michael ne put que baisser la tête face à de telles révélations.

M : Si … Tout les jours je me demande si on ne fait pas une erreur en faisant ça … Mais je sais qu’ils m’ont trop prit pour en rester là…
S : Pourquoi on laisse tout simplement pas tomber Mike, ? … Où on va là ? Linc à son fils, moi je vais être papa, j’vais peut-être même me marier et en avoir d’autres … Toi tu as Sara. Tu as une vie qui t’attends.
M : Une vie où je me demanderai tous les jours si j’aurai pu faire quelque chose pour les arrêter ?
S : Alors tu vas encore risquer ta vie ? … Celle de Sara ?
M : (échaudé) Tu sais très bien que je lui ai rien demandé.
S : Non Mike … Mais tu sais qu’elle te suivra, quoiqu’il arrive …
M :…
S : …

Les deux hommes étaient face l’un à l’autre sans trop savoir quoi se dire car tout était dis mais en même temps il restait tellement de chose à expliquer.

M : Est-ce que ça veut dire que tu nous quitte ?

L’angoisse se lisait dans sa voix, appréhendant plus que tout la réponse qui se faisait attendre.

S : J’ai besoin d’aller de l’avant mais …je veux pas que ça implique de te laisser tomber.
M : Tu ne me dois plus rien Fernando, tu le sais …
S : Oui je le sais …
M : Qu’est-ce que je dois comprendre ?
S : On le fait … On fait ce dernier coup une dernière fois tout les deux … Mais après…

Michael acquiesça rapidement et son visage se détendit.

S : Tu comprends, tout ça, je ne l’ai fait que pour elle … et quand je dis tout ça veut même dire mes années de taule. Je l’ai dans la peau cette nana et … maintenant que c’est possible...
M : Je comprends.
S : … Je sais que tu comprends…Tu devrais retourner là bas.
M : Et toi ?
S : J’ai besoin de réfléchir, tu sais marcher un peu … Et surtout j’ai pas envie de revoir sa tronche à l’autre pour le moment.

Michael sourit légèrement et tourna sur ses talons quand Sucre le rappela.

S : Hey Mike !
M : Quoi ?
S: Tu m’excuseras auprès de Sara, tu sais pour …

En guise de vocabulaire, Sucre leva les poings et donna quelques coups discrets dans l’air pour se faire comprendre.

M : (souriant) Tu parles d’un médecin de prison !

Le sourire de Sucre s’allongea sur son visage tandis qu’il reprit sa marche hasardeuse. Michael lui, retourna de son côté, le cœur lourd …